Artisan et assureur, débat autour d'un couple compliqué

, mis à jour le 20/10/2025 à 13h12
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Voilà qu'un assureur a décidé de passer à table ! Une table ronde pour s'adresser aux artisans ...  C'est vrai que s’assurer quand on est artisan ce n’est pas toujours facile ! Entre les décennales du bâti, les risques par métiers qui rendent les assureurs frileux, la nouvelle loi catastrophe naturelle,  ses 10 % de franchise et l’émergence de l’IA comme allié pour produire des faux … les relations peuvent être difficiles. Le courtier Solly Azar les a même interrogé. Voici les résultats … L’occasion d’en débattre avec CMA  France  (chambre des métiers) et d’autres assureurs (Doulassur) 

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saby et mustapha
Philippe Saby et Mustapha Douala

Les défis de l’assurance des artisans, voilà le thème d’une table ronde organisée à l’initiative du courtier Solly Azar en présence de Fabienne Munoz vice-présidente de CMA France, elle-même coiffeuse et Mustapha Doula de Doulassur spécialisé dans l’assurance des artisans du bâtiment. L’occasion également pour Philippe Saby, DG de Solly Azar de présenter une étude réalisée auprès de 200 artisans représentatifs auxquels on a demandé leur avis sur l’assurance dans leur métier. Pas de surprise : elle est souvent perçue comme une obligation légale (ex. pour l'accès aux chantiers) plutôt que comme un outil de protection indispensable. Cette perception conduit à une recherche du prix le plus bas, au détriment de la qualité des garanties, « ce qui peut avoir des conséquences désastreuses en cas de sinistre », juge Philippe Saby. En revanche les artisans sont exigeants et attendent de leur assureur : service, proximité, conseil et compétence, surtout lors d'un sinistre, où la réactivité et le soutien humain sont cruciaux.

Etude Solly Azar auprès de 200 pros

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Les nouveaux entrepreneurs pas assez formés

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Fabienne Munoz (CMA) et Olivier Provost (Rumeur Publique)

Ce qui refroidit la plupart des clients reste la complexité des contrats et des conditions générales jugés "illisibles" et « rédigés pour les juges, non pour les clients ou même les conseillers juge Philippe Saby », entraînant incompréhension et sentiment d'injustice.  Fabienne Munoz (CMA France) relève elle  que les artisans ne sont plus assez formés pour être au fait de l’importance notamment de s’assurer. « L’abolition du caractère obligatoire du de Stage de Préparation à l'Installation (SPI) , depuis la loi PACTE de 2019, a entraîné un manque criant de formation aux bases de la gestion d'entreprise, y compris l'assurance. »  Et des journalistes présents de participer aux débats et de donner des exemples dans leurs domaines respectifs  avec des jeunes coiffeurs ou esthéticiennes (avec un CAP à 18 ans) qui se lancent en freelance sans savoir qu'ils doivent s'assurer, ou sans comprendre les risques inhérents à leur activité.
Les chambres des métiers ont d’ailleurs rappelé  qu’elles organisaient  des Parcours Créateur en lieu et place du SPI avec des formations et accompagnements incluant les aspects juridiques/fiscaux liés à l’assurance. “Nous sensibilisons les artisans aux risques, explique Fabienne Munoz, avec un module de formation en ligne financé par notre partenaire MAAF ouvert à tous les artisans  et accessible et valorisé sur notre site artisanat.fr”

 

 

La franchise surprise catastrophe naturelle

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inondation

Autre point soulevé par les débatteurs   le problème de la fameuse CatNat, Catastrophes naturelles : La loi impose en effet une franchise de 10% qui prime sur les conditions contractuelles pour bénéficier de la prise en charge catastrophe naturelle, surprenant les artisans déjà durement touchés.  Pour y voir clair si la franchise proposée par l’assurance est de 3% du coût du dommage, elle s’efface en cas de déclaration CatNat devant  la franchise à 10 % . Si les dégâts grimpent à 150 k€ c’est 15 k€ que l’artisan paiera pour se faire rembourser ; Et Fabienne Munoz d’appeler au devoir de conseil des assureurs rappelant que dans son département un artisan dont l’entreprise avait été ruinée par la montée d’un ruisseau n’avait quasi rien touché car son assureur lui avait vendu une assurance …contre une attaque terroriste.  La vice présidente d’expliquer ensuite que dans ces situations les CMA sont capables de lever des fonds de solidarité,  un fonds mutualisé de calamités et de catastrophes naturelles.  “En 2024, cette caisse de solidarité a permis d’aider près de 500 entreprises pour un montant global de plus de 600.000€.” , informe CMA France qu ajoute  que des versements jusqu’à 1.500 euros sont cumulables avec d’autres dispositifs d’aides et avec les prises en charge des assurances.

 

 

La décennale , une vraie responsabilité

Tout le monde était d’accord sur la spécificité de la décennale  dans le bâtiment  essentielle, mais souvent mal comprise ou souscrite au minimum, avec des exemples de sinistres (incendie suite à un disqueuse) coûtant bien plus que le chiffre d'affaires annuel de l'artisan. Là encore le devoir de pédagogie auprès des artisans est primordial ont expliqué tour à tour Mustapha Doula et  Siegfried Berquez, responsable du département risques pros chez Solly Azar . Et ce dernier  de donner maints exemples et notamment ceux des panneaux photovoltaïques qui génèrent de réels risques (incendie, étanchéité toiture) et qu’en dessous d’un CA de 500 K€, Solly Azar n’assurera pas l’entreprise.

 

 

Ces métiers difficiles à assurer

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pizza assurance

Le courtier est entré ensuite  dans une drôle de litanie,  celle des  métiers à risque , que les assureurs fuient : les pizzérias avec four à bois, les chefs à domicile en raison du risque de perte de la chaîne du froid, les  VTC …  Sans oublier certains départements au sens large  car les assureurs appliquent des "zoniers" pour des risques comme l'automobile, la santé, ou le vandalisme/émeutes, rendant l'assurance difficilement accessible ou très chère dans certaines zones urbaines. Sans parler des commerces placés sur des axes de manifestation etc.  

 

 

Quand l’IA devient complice de faux

Le pendant de ces entrepreneurs qui ne trouvent pas assurance à leur pied ce sont des dérives  vers  des faux . Plusieurs témoignages font état de faux K-Bis obtenus moyennant quelques dizaines d’euros ou de fausses attestations d’assurance décennales obtenus en un clin d’œil grâce à l’IA.  Attention toutefois à ceux qui joueraient à ce jeu car se développent en parallèle des logiciels de détection des faux, notamment car ils sont capables d’éplucher les couches de PDF modifiés ! Et les courtiers de rappeler qu’en cas de difficulté à s’assurer il existe le Bureau Central de Tarification (BCT) qui oblige un assureur à couvrir un risque obligatoire si personne d'autre ne le fait, mais seulement pour les garanties obligatoires. C’est un peu l’avocat commis d’office !

Conclusion de cette table ronde, les assureurs doivent rester dans l’information précise et pro (décennale, risques par métier, CatNat ) et la proximité. Philippe Saby a d’ailleurs souligné que Solly Azar vend des produits aux particuliers en direct mais préférait continuer en proximité via un réseau de courtiers locaux pour sa clientèle pro . Les participants à ce débat appellent ensemble  à une simplification des contrats et de la communication assurantielle, une sensibilisation du grand public à l'importance de vérifier les assurances de leurs prestataires, une plus grande mutualisation des risques pour maîtriser les prix et assurer une meilleure solidarité.

 

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